Soutenance de thèse « Terres agricoles face à la ville : logiques et pratiques des agriculteurs dans le maintien des espaces agricoles à Antananarivo, Madagascar »

le 03/03/2020

Mme  Laurence Defrise soutiendra sa thèse intitulée : « Terres agricoles face à la ville : logiques et pratiques des  agriculteurs dans le maintien des espaces agricoles à Antananarivo,  Madagascar » publiquement le mardi 03 mars 2020 à 14h à Paris à AgroParisTech, rue Claude Bernard 16, amphithéâtre Tisserand, Paris.

Une connexion sera organisée avec la salle Zenith à la MTD, Montpellier  et avec la DG Cirad à Antananarivo (pont renater).

Ce travail a été encadré par Jean-Philippe Tonneau (UMR Tetis) (directeur de thèse) et co-encadré par Perrine Burnod (UMR Tetis) et Elodie Valette (UMR  Innovation).
Il a été préparé à AgroParisTech (école doctorale ABIES) et à l’UMR Tetis, CIRAD.

Le jury sera composé de :

Mme Laurence Roudart Université Libre de Bruxelles Rapportrice
M. Eric Leonard IRD Rapporteur
Mme Monique Poulot Moreau Université de Paris Ouest Présidente de jury
M. Christophe Soulard INRA Examinateur
Mme Josélyne Ramamonjisoa Université d’Antananarivo Examinatrice

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Résumé :

En Afrique, les agglomérations urbaines ont les taux de croissance les
plus élevés du monde. Elles accueilleront 64 % de la population du
continent en 2050. Les villes s’étendent et font pression sur les
espaces agricoles qui les entourent et qui, aussi, les alimentent. En
conséquence, les espaces agricoles, souvent présentés comme des réserves
foncières pour l’extension des villes, sont le lieu de forte compétition
entre usages. Cette concurrence parfois aiguë pour l’accès à la terre
conduit à de nouveaux rapports de force entre acteurs de l’agricole et
acteurs de l’urbain. Dans des contextes de pluralité des droits sur la
terre, se pose la question des moyens dont disposent les agriculteurs
pour sécuriser leur accès aux facteurs de production et éviter leur
dépossession foncière. Dans cette double perspective, l’analyse de
l’incidence de l’avancée urbaine sur les usages des sols et sur la
répartition des droits sur la terre est essentielle tant pour planifier
les villes futures que pour sécuriser les droits à la terre des citoyens.

Antananarivo, capitale de Madagascar constitue un cas d’étude du
renouvellement des relations entre urbain et agricole dans une ville en
extension rapide. L’agriculture y est au cœur du système urbain. Source
d’aliments pour les urbains, elle représente une activité économique clé
pour un tiers des ménages et joue un rôle majeur dans la protection de
la ville contre les inondations. Mais elle évolue vite du fait d’une
croissance démographique rapide, de l’arrivée massive de jeunes sur le
marché de l’emploi, du renforcement des inégalités socio-économiques et
d’une forte instabilité (politique, climatique, budgétaire).

Pour analyser ces évolutions, la thèse s’inscrit dans une démarche de
recherche-action pluridisciplinaire. Elle appréhende les recompositions
plurielles du foncier agricole dans l’aire urbaine d’Antananarivo :
recompositions spatiales, sociales et juridiques. Elle mobilise des
concepts et méthodes issus de la géographie – discipline principale de
la thèse – mais aussi de l’agronomie et de l’économie. Les analyses
spatiales montrent que l’agriculture ne fait pas que disparaître face à
la ville ; elle se maintient et se transforme au contact de l’urbain.
Les analyses qualitatives et quantitatives reposant sur des entretiens
auprès des ménages indiquent que les agriculteurs urbains détiennent
encore des terres agricoles en 2017, mais sur de très petites surfaces
et qu’ils sont soumis à une forte pression foncière. L’absence de
mesures d’accompagnement à cette agriculture urbaine et le manque de
reconnaissance des droits des ménages agricoles pourraient contribuer à
une déprise rapide des activités agricoles avec des impacts notables
pour la ville en termes d’approvisionnement alimentaire, de protection
contre les inondations et de renforcement des inégalités
socio-foncières. Ces résultats invitent à discuter des orientations
futures de la planification urbaine et de la réforme foncière afin de
tenir compte des enjeux agri-urbains.