Le vol de bétail est un aspect critique et souvent sous-estimé de la crise sécuritaire au Sahel et dans le nord des États côtiers. Il fonctionne comme un facteur de conflit, comme un mécanisme de gouvernance et d’intimidation pour les acteurs cherchant à exercer une influence sur les communautés, et comme une source cruciale de revenus pour les acteurs armés, y compris ceux associés à l’État, Groupes Extrémistes Violents (GEV) ou aux bandits. Depuis 2020, avec l’expansion vers le sud des GEV tels que le Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM), la zone trifrontalière entre les régions du Sud-Ouest, du Bounkani et de l’Upper West est confrontée à des menaces sécuritaires qui ont façonné et ont été façonnées par le marché du bétail volé.  Depuis le début de l’année 2024, les Volontaires pour la Défense de la Patrie sont également devenus une menace armée considérable pour la stabilité de la région.

Le présent rapport évalue l’intersection entre l’économie criminelle du vol de bétail et les dynamiques du conflit dans la zone trifrontalière, avant d’identifier la chaîne d’approvisionnement illicite et de montrer comment le bétail est acheminé clandestinement depuis les zones rurales de conflit vers les principaux marchés à bétail des États côtiers. Il recense également les acteurs qui sous-tendent ce marché et analyse la chaîne de valeur, révélant ceux qui en tirent le plus grand profit. En outre, le rapport décrit comment le vol de bétail sape la résilience des communautés et met en évidence les principales initiatives prises par les acteurs étatiques et communautaires pour lutter contre cette économie illicite (ou l’absence de telles initiatives). Enfin, il formule des recommandations ciblées à l’intention des acteurs étatiques, internationaux et communautaires impliqués dans les efforts de stabilisation dans la région.