Un article publié en avril 2019 dans la revue Land compare la contribution de différents types de systèmes alimentaires (SA) à la gestion des communs et à leur résilience. Les auteurs s’intéressent à des contextes de transitions agraires rapides, marqués par une concurrence entre plusieurs types de SA : deux études de cas sont réalisées, au Kenya (région des monts du Nord-Ouest) et en Bolivie (région de Santa Cruz).
Une typologie des SA est d’abord établie, dans les deux zones, qui met en évidence une cohabitation de systèmes vivriers territoriaux avec des systèmes agro-industriels ou des systèmes régionaux, moyennement intensifiés. Puis, pour chaque type de SA, les auteurs considèrent trois exploitations agricoles représentatives, dont ils déterminent la contribution aux services écosystémiques sur l’ensemble de l’agro-écosystème (surface agricole cultivée et autres espaces utilisés, quel que soit leur statut foncier ou de gestion – privé, fondation, fermage, communal, tribal). Ensuite, à partir d’entretiens semi-directifs et d’une cartographie participative, réalisés avec les agriculteurs, concernant les modes d’utilisation des sols, ils développent des indices de fourniture de services écosystémiques (ASC-Index) par catégories : services de régulation (ex. : pollinisation, limitation de l’érosion, régulation climatique), culturels (ex. : patrimoine culturel, systèmes de savoirs) et de provision (ex. : alimentation humaine et animale, bois de chauffage, semences).
Sur cette base, les auteurs estiment et comparent la contribution de chaque type de SA aux communs locaux (ex. qualité des sols, des eaux) ou globaux (ex. climat). Il en ressort notamment que les systèmes alimentaires locaux, indigènes ou agro-écologiques, contribuent fortement aux services écosystémiques de régulation et culturels, en plus d’atteindre des niveaux de services de provision significatifs. La contribution des SA industriels est nettement liée, quant à elle, à la fourniture de services de provision (cf. figure).
Pour six types de systèmes alimentaires, capacité des agro-écosystèmes utilisés par l’exploitation à fournir les 23 services écosystémiques calculés à partir de l’index ASC
Source : Land
Lecture : la déformation de la rosace vers la gauche correspond à une contribution élevée aux services écosystémiques culturels et de régulation.
Enfin, l’article confronte les types de systèmes alimentaires étudiés aux huit principes de gestion des communs définis par E. Ostrom. Cette partie plus exploratoire cherche à préciser de quelle manière certains modes de gestion et leurs pratiques agricoles associées favorisent une intégrité environnementale globale, tandis que d’autres fonctionnent sur une logique concurrentielle et productive : ces derniers utilisent de manière exclusive, et sans y contribuer, les communs (common grabing) utiles à d’autres systèmes alimentaires.
Résumé par Claire Bernard-Mongin, Centre d’études et de prospective
Télécharger l’article (en anglais) : cliquez-ici
Rejoignez-nous sur
LinkedIn X Facebook