Le président sortant, Emmanuel Hyest, qui est également à la tête de la Fédération nationale des Safer, a été poussé vers la sortie, après un conseil d’administration, jeudi 19 juin 2025 à Saint-Lô (Manche).
Présentée comme le « gendarme » du foncier agricole, la Safer (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural) n’est pas à l’abri des règlements de compte. Jeudi 19 juin 2025, à Saint-Lô (Manche), à l’issue d’un vote du conseil d’administration de la Safer de Normandie, le syndicalisme agricole majoritaire (FNSEA-JA) a poussé vers la sortie, le président sortant, Emmanuel Hyest, pourtant issu des mêmes rangs. Ce dernier, agriculteur à Vesly dans l’Eure (céréales, betteraves, pommes à cidre), présidait la Safer de Haute-Normandie depuis 2008 et la Safer de Normandie depuis 2017. Il perd, de facto, la présidence de la Fédération nationale des Safer, qu’il dirigeait depuis 2010.
« C’est un problème de relations humaines, de gouvernance, qui a conduit la profession agricole à mettre un candidat en face du président sortant » , a expliqué Pascal Férey. Cet ancien président de la chambre d’agriculture de la Manche, âgé de 66 ans, a été élu au premier tour, président de la Safer de Normandie, par treize voix contre sept à Emmanuel Hyest (deux votes blancs et une abstention). Dans la coulisse, certains évoquent des griefs coalisés de caciques locaux courroucés par la politique d’ouverture de la Safer aux autres syndicats (Coordination rurale et Confédération paysanne) et par des attributions de terres. « J’étais le président de tous les agriculteurs. Sans aucun passe-droit. C’est la victoire des intérêts personnels , a réagi, amer, Emmanuel Hyest. Je crains que cette éviction brutale ne mette en difficulté le fonctionnement de la Safer. »
La peur du « copinage »
Sous la présidence d’Emmanuel Hyest, la Safer de Normandie, « parfaitement gérée » , a réalisé un gros effort en faveur de l’installation des jeunes. « La Normandie est la région qui a installé le plus de jeunes proportionnellement à sa taille. » Mais en Seine-Maritime, où le prix des terres agricoles dépasse officiellement les 15 000 € par hectare, la tentative de préemption de la Safer sur les 400 ha de vergers vendus par la coopérative Agrial, et menacés d’arrachage sauvage, a été mal digérée par la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) locale. Comme les 350 ha d’une ferme céréalière préemptés, près du Tréport (Seine-Maritime) pour installer six jeunes. Ces terres, parmi les plus fertiles et rémunératrices (pommes de terre, lin, betteraves) de France, sont très convoitées. « Dans la pointe du Havre, des attributions se sont terminées par des menaces de mort » , confie, sous couvert d’anonymat, un acteur bien renseigné.
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