Mauritanie: vers la fin de la spoliation des terres de la vallée du fleuve Sénégal

le 21/06/2021

#Mauritanie : Le gouvernement mauritanien vient d’annuler une concession de 3.200 hectares accordée à l’AAAID. Une décision qui rentre dans le cadre de la volonté du gouvernement du Président El Ghazouani de mettre fin à l’accaparement injustifié des terres des populations de la vallée du fleuve Sénégal.

Après les annonces relatives au changement de la politique de l’accaparement des terres de la vallée du fleuve Sénégal, les autorités mauritaniennes sont passées à l’acte. Kane Ousmane, ministre mauritanien des Affaires économiques et de la Promotion des secteurs productifs, s’est rendu ce week-end à Dar El Barka à la vallée du fleuve Sénégal, en compagnie de son collègue de l’Agriculture, Sidina ould Sidi Mohamed ould Ahmed Ely.

Il a transmis aux populations un message du Président Mohamed Cheikh El Ghazouani annonçant l’annulation d’une concession de 3.200 hectares au profit de l’Autorité arabe pour le développement de l’investissement agricole (AAAID) associés à des privés nationaux, datant de 2015, sous l’ère de l’ancien Président Mohamed ould Abdel Aziz.

Le gouvernement s’engage également à mettre fin à la politique des attributions abusives et de l’accaparement des terres, au profit d’une démarche consensuelle impliquant l’Etat, les communautés et les potentiels investisseurs.

«Le Président de la République m’a chargé de vous transmettre un message spécifique à la population de Dar El Barka. Celui-ci concerne une convention qui avait été signée en 2015 entre notre pays et l’institution financière AAAID, par laquelle l’Etat donnait la possibilité de valoriser 3200 hectares. Suite à un travail de vérification, le gouvernement a décidé de dénoncer cette convention le 10 mars 2021, estimant qu’elle n’est pas conforme aux intérêts de la partie mauritanienne», a annoncé Ousmane Kane.

Il a expliqué par la suite les enjeux de la réforme foncière dont «le principe de base repose désormais sur un partenariat entre l’Etat (puissance régalienne), les communautés villageoises qui vivent sur les terres à valoriser et les candidats investisseurs (privés nationaux ou capitaux étrangers).

Dans cette perspective, l’accompagnement des populations est indispensable. On ne peut pas investir durablement son argent dans une zone, et se retrouver dans l’obligation de se faire accompagner par la police et la gendarmerie, à chaque fois qu’il faut se rendre sur le terrain. Aucun investisseur sérieux ne l’accepterait. Par ailleurs, la terre est une source de richesse, et ne doit pas servir de prétexte à des querelles stériles.

Suivant les règles classiques de fonctionnement de l’économie, la valorisation de ces ressources profitera aux Mauritaniens de toutes les régions du Sud, de l’Est, du Centre et du Nord.

«Les communautés seront désormais chargées d’identifier les superficies pour constituer des blocs à mettre en exploitation. Les privés nationaux et étrangers sont capables de mobiliser des ressources financières et une expertise au-delà de l’Etat. Ils vont représenter le troisième maillon de la chaîne du partenariat. Ce sont ces éléments qui constituent les principes de base de la réforme foncière que prépare le gouvernement», a expliqué le ministre.

Gaye El Hadj, administrateur civil à la retraite, reconverti dans l’agriculture dans la commune de Dar El Barka «salue l’annonce du gouvernement au sujet de l’abandon du  projet de l’AAAID et l’association des populations à la gestion du foncier, notamment le fait d’accorder la primeur du diagnostic aux communautés, qui pourront ainsi déterminer la véritable propriété des terres sur lesquelles elles vivent depuis des millénaires. Tout cela constitue l’aboutissement d’un long combat, dont le symbole était le défunt maire de la commune, feu Tijane Mame Kane, décédé il y a quelques mois et devant la mémoire duquel je m’incline».

A l’origine de cette réforme foncière en Mauritanie, un véritable constat d’échec illustré par la colère des communautés, victimes d’une politique d’accaparement des terres. Une pratique mondiale désormais érigée en crime contre l’humanité par la législation pénale internationale.

Mais aussi et surtout par d’énormes investissements improductifs, d’un montant global de près de 2 milliards de dollars (plus de 500 milliards d’anciennes ouguiyas  entre 1974 et 2021) consentis par les partenaires au développement, pour un résultat nul.

Source : Le 360 Afrique via Farmlandgrab.
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