Les 26 000 ha soustraits des 46 000 ha que constituait la Réserve spéciale d’avifaune du Ndiael (RDAN), en plus de faire grincer des dents, susciteraient d’autres appétits. Selon certaines indiscrétions, la société Sen-huile, attributaire de ces terres, serait prête à renoncer aux 10 000 ha. Cette cession n’agrée pas les populations de 37 villages impactés par le projet qui exigent des concertations tripartites avec l’Etat et la société agricole avant de prendre une quelconque mesure.
Le bras de fer a été rude, les relations tendues entre les populations des 37 villages regroupés au sein du Collectif pour la défense des terres de Ndiael et les responsables du projet Sen-huile. Des parties qui ont chacune fait usage de moyens singuliers pour défendre leurs intérêts. Aujourd’hui, après trois années de résistance et de grincement de dents, le projet Sen-huile serait prêt à renoncer aux 10 000 ha.
De sources concordantes, l’entreprise ne serait pas encore en mesure d’exploiter la totalité des 26 000 ha de terres déclassées de la réserve spéciale d’avifaune du Ndiael (RSAN) qui ont été mis à sa disposition. Ainsi, malgré les multiples spéculations développées (mil, maïs, riz, etc.), Sen-huile n’exploiterait pas plus de 5 000 ha. «L’Etat est d’accord pour que Sen-huile diminue les 10 000 ha. Mais le problème, c’est que nous n’avons pas encore reçu de notification» a déclaré Maguette Diaw, membre du collectif pour la défense des terres du Ndiael.
Toujours selon Maguette Diaw, l’entreprise agricole serait en train de choisir les terres les plus fertiles dont l’aménagement n’exigerait pas beaucoup d’efforts matériel et financier. « Sen-huile est en train de faire des prospections, de prendre des topographes pour cibler les 10 000 ha là où il les veut. Nous ne l’accepterons pas. Ce n’est pas au projet de choisir les terres qu’il veut pour nous laisser les moins fertiles», a ajouté M. Diaw, par ailleurs président du réseau nord pour la protection de l’environnement.
Ces populations exigent une concertation tripartite avec l’Etat et la société, afin de discuter de la faisabilité de cette répartition. « Nous avons introduit une demande d’audience auprès du gouverneur de la région qui ne nous a jusque-là pas répondu. Nous voulons qu’il apporte une réponse à notre demande, pour qu’on discute afin de voir la faisabilité de cette répartition » a déclaré ce membre du Collectif, en marge d’une visite de terrain sur la réserve effectuée samedi par les participants au forum mondial sur le foncier, venus de différentes parties du monde.
Revenant sur les motifs ayant poussé ces populations à désapprouver l’affectation des 26 000 ha à cette société italienne, le président du Collectif, Gorgui Sow, souligne que des centaines de familles qui vivent dans les 37 villages se trouvant dans l’emprise du projet seront contraintes de quitter leurs lieux d’habitation où elles sont implantées depuis des décennies. Toutefois, ces populations qui ne comptent pas se laisser faire et entendent continuer la lutte. « Nous avons aussi le droit de travailler nos terres. Si aujourd’hui nous sommes dans l’incapacité de le faire, c’est parce que l’eau n’est pas encore disponible. Mais elle le sera et nous pourrons développer nos activités génératrices de revenus », a renchéri Gorgui Sow.
Toutefois, la reprise des 10 000 ha par les populations risque de ne pas être une sinécure, car des entreprises étrangères et nationales seraient en train d’user de toutes leurs influences pour être attributaires de la superficie que Sen-huile serait prête à céder
Article également consultable ici
Source : farmlandgrab.org
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