in Agriculture et alimentation – Des champs politiques de confrontation au XXIe siècle » (Cahier DEMETER) Le présent article se propose de montrer que l’expression « pression commerciale sur les terres », utilisée par l’International Land Coalition, reflète mieux la diversité des pratiques et des modèles qui se développent, tant pour les terres agricoles convoitées par des investisseurs aux motivations variées, que pour les espaces boisés qui, eux, intéressent aussi la finance carbone. Notre hypothèse est que le modèle que désigne « l’accaparement » des terres agricoles va rapidement atteindre ses limites en raison des résistances prévisibles des paysanneries et des populations locales. D’une part, ces mouvements d’opposition augmenteront au fur et à mesure que les informations contenues dans les contrats signés souvent en toute opacité entre les gouvernements locaux et les investisseurs étrangers seront connues. D’autre part, la mise en œuvre de ces contrats mettra les investisseurs face à la difficulté de justifier devant les opinions publiques nationales comme internationales, des pratiques de marginalisation directe ou indirecte de populations pauvres qui se verraient privées sinon de leur droit d’accéder à la terre au moins de leurs droits de transmettre leur patrimoine foncier à leurs descendants. Le besoin d’investissements nouveaux et massifs dans les agricultures du Sud n’étant pas contestable, des modèles de contractualisation de la production fondés sur le maintien des paysans sur leurs terres, modèles pratiqués depuis bien longtemps dans certaines zones (par exemple la production cotonnière au Sahel), se développent. Si les contrats sont équitables, ils peuvent aboutir à des situations de gains mutuels entre les investisseurs et les paysans. La transparence reste une condition indispensable ; tous les contrats signés ne sont pas accessibles au public, et ceci est préjudiciable à la recherche de l’équité. Il existe, dans le domaine des industries extractives un programme de transparence des revenus versés par les entreprises aux gouvernements (ITIE), que l’on peut résumer par le slogan proposé par des ONG : « Publiez ce que vous payez ! ». En matière d’acquisition des terres, le monde aurait besoin d’un programme dont le mot d’ordre serait « Publiez ce que vous signez ! » et qui se prolongerait par une évaluation régulière et indépendante de la mise en œuvre des engagements pris par les investisseurs. Peut-être demain un label d’« investissement contractuel responsable » spécifique viendra-t-il prendre sa place aux cotés des labels existants sur l’huile de palme, le bois ou le soja « responsables ».
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