À partir d’une perspective compréhensive, cet ouvrage explore les répertoires des règles officielles et locales (ou pragmatiques) qui autorisent et interdisent l’usage et l’appropriation des ressources naturelles au Gourma rural (à l’est du Burkina Faso). Les mutations induites par la colonisation française de la fin du dix-neuvième siècle, les politiques publiques postcoloniales d’aménagement du territoire tout comme les migrations ont transformé le gouvernement de la nature en un enjeu de pouvoir et de compétition entre les groupes stratégiques.
Pour les Gulimanceba, la maîtrise foncière est surtout assurée par les aînés des lignages autochtones et fondateurs, avec la tutelle politique et symbolique respective du pouvoir chefferial. Toutefois, le développement de la culture commerciale du coton, l’afflux des migrants moose et fulbe et l’application de la loi de réforme agraire et foncière (RAF) ont accentué entre autres la pression foncière, la marchandisation des ressources, l’individuation sociale et la recomposition des institutions locales.
L’exacerbation de la concurrence entre, d’une part les autochtones et les allochtones et, d’autre part, les agriculteurs (Gulimanceba et Moose) et les agro-pasteurs (Fulbe) provoque des conflits nourris par les préjugés, l’ethnicisation et la politisation des règles de gestion foncière.
Dans un contexte de faible ancrage de la légitimité de l’État, la décentralisation a revigoré l’autorité des chefferies traditionnelles et réhabilité son monopole sur les ressources naturelles. Cette situation amenuise la réalisation de l’idéal démocratique de la répartition équitable des ressources entre les citoyens burkinabè.
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