Le système de veille pastorale, mis en place par le Réseau Billital Maroobè (RBM) et Action Contre la Faim (ACF) avec l’appui de plusieurs partenaires techniques et financiers, s’appuie sur l’optimisation des dispositifs existants (veille informative, alerte et prévention des conflits, comptage et cartographie des mouvements de transhumance) établis par les organisations pastorales, en s’appuyant sur un réseau d’informateurs clefs. Les différents systèmes d’information permettent de fournir périodiquement : (i) des alertes en cas de catastrophes, de conflits ou de menaces ; (ii) des informations sur la situation des ménages pastoraux, le fonctionnement des marchés et l’appui reçu par le secteur ; (iii) une cartographie des éleveurs et des animaux bloqués dans les pays situés dans la partie Sud de l’Afrique de l’Ouest (Côte
d’Ivoire) en raison de mesures politiques; (iv) l’identification des points de regroupement des troupeaux confrontés à la restriction de la mobilité ; et (v) la cartographie des mouvements des éleveurs le long du couloir central de transhumance, afin de mieux comprendre la dynamique et les caractéristiques des déplacements internes (nationaux) et transfrontaliers.
Faits saillants :
- L’installation de la saison pluvieuse s’est traduite par des pluies diluviennes qui ont causé des inondations. Cela a entraîné des pertes en vies humaines et des mortalités animales ayant atteint un niveau sans précédent au cours des décennies écoulées.
- Les différences observées dans le calendrier des précipitations se sont traduites par des situations contrastées : (i) installation précoce des pluies dans certaines zones pastorales où les animaux ont tiré profit de l’apparition du couvert herbacé ; (ii) arrivée tardive des précipitations dans d’autres zones qui ont connu une prolongation de la période de la soudure pastorale ; et (iii) enregistrement de poches de sécheresse dont la période et la durée sont variables.
- Les déplacements forcés continuent à revêtir une grande ampleur qu’il s’agisse de personnes déplacées internes ou de personnes fuyant l’insécurité avec la totalité ou une partie de leur bétail.
- Dans certaines zones, l’on a enregistré un mouvement de retour des éleveurs qui étaient réfugiés, notamment dans le Nord de la Côte d’Ivoire dont la plupart ont laissé sur place leurs animaux.
- Le phénomène du vol du bétail s’intensifie dans plusieurs pays et s’étend à de nouvelles zones, notamment au Niger.
- Des inondations de grande ampleur ont été enregistrées avec des conséquences préjudiciables (pertes en vies humaines et mortalités d’animaux).
Alertes de la période :
- Les jeunes nomades de l’Etat de Kebbi (Nigeria) ont fait une déclaration le 11 août 2024 pour demander que leurs enfants aient accès aux services sociaux de base, en particulier à
l’éducation. - Au niveau de la zone du plateau Est de Zigui (région de Dosso), les agriculteurs ont exigé le
départ immédiat des pasteurs transhumants Nigériens (provenant de Boboye, de Falmey
Sambera) et du Nigeria. - Certains agriculteurs procèdent à l’épandage de produits toxiques sur leurs cultures dont la
consommation devient une source d’empoisonnement des animaux. Ainsi, dans la commune de Sambera (département de Dosso), les animaux appartenant à un pasteur ont fait une incursion dans un champ traité pour y brouter des plantes. Cela a provoqué la mort de trois vaches sur place. Actuellement, des démarches sont engagées, afin de résoudre le différend entre les deux parties. - Le 28 août 2024, une arrivée massive des troupeaux provenant du Nigeria (Dakin Gari) a été observée sur le site de Zigui. Les transhumants déclarent avoir quitté leurs terroirs qui
connaissent une situation de saturation. - L’aire pastorale de Pk 10 située dans le département de Gaya (région de Dosso) a enregistré, le 7 septembre 2024, une arrivée massive des pasteurs et d’animaux provenant du Nigeria (Etat de Zamfara) qui est confronté à l’insécurité, aux conflits intercommunautaires entre les Peuls et les Haoussa et au manque d’espaces pastoraux.
- Le 12 aout 2024, un important flux d’animaux a été enregistré dans certaines localités de la
Kara (Kéran, Dankpen, Bassar, Doufelgou, Guérin Kouka). A l’inverse, les zones de Kpendjal et de Kpendjal Ouest dont l’accès est difficile n’accueillent pratiquement aucun éleveur présentement. - Le 30 août 2024, un conflit est survenu entre agriculteurs et éleveurs dans la commune de
Malanville (Bénin). Un éleveur a été battu à mort dans le village d’Isséné. - Au Sénégal, selon plusieurs leaders éleveurs, la soudure pastorale qui va bientôt s’installer
s’inscrit dans un continuum de dégradation des systèmes de vie des ménages pastoraux et
agropastoraux qui ont été confrontés à un mauvais hivernage en 2023. - Au Ghana, une situation de sècheresse est observée par le dispositif de veille du RBM.