L’extrémisme violent fragilise la résilience climatique locale au Sahel

L’extrémisme violent fragilise la résilience climatique locale au Sahel

Dans la région du Sahel, l’un des territoires les plus vulnérables au changement climatique en Afrique, les communautés locales font face à une double crise : l’intensification des effets climatiques et la montée de l’extrémisme violent. Alors que sécheresses, inondations et dégradation des terres appauvrissent les ressources naturelles, les conflits pour l’accès à l’eau, aux pâturages et aux terres cultivables deviennent plus fréquents. Historiquement, ces tensions étaient gérées pacifiquement grâce à des mécanismes traditionnels profondément ancrés dans les communautés rurales. Chefs de village, chefs de terres, chefs religieux et anciens assuraient la médiation et la régulation des ressources selon des pratiques coutumières bien établies. Mais cette gouvernance locale est désormais affaiblie.

Selon une étude réalisée par ISS Today, dans des régions comme Tillabéri au Niger ou Fada-Ngourma au Burkina Faso, les violences djihadistes ont perturbé ces systèmes sociaux. Les groupes extrémistes ciblent les figures d’autorité traditionnelle, les tuant ou les chassant, pour instaurer leur propre ordre et miner la cohésion sociale. Le retrait ou la disparition de ces leaders a laissé un vide : les tensions ne sont plus arbitrées, les conflits s’enveniment, et les communautés deviennent plus vulnérables aux effets du climat.

Parallèlement, les réponses étatiques – souvent militaires – se révèlent inadaptées, voire contre-productives. Les institutions formelles de gestion des terres sont perçues comme corrompues ou inefficaces, et les populations leur préfèrent toujours les solutions traditionnelles. De plus, les stratégies sécuritaires, comme l’engagement de civils dans des milices, peuvent parfois aggraver les divisions et exposer des villages à des représailles.

Ainsi, ce n’est pas seulement la rareté des ressources qui menace la résilience climatique du Sahel, mais la destruction progressive des structures sociales et institutionnelles qui permettaient leur gestion équitable. Pour faire face à cette crise complexe, il devient essentiel de réinvestir dans la cohésion sociale, de soutenir les institutions coutumières et de favoriser le dialogue communautaire. Sans cela, toute stratégie d’adaptation au climat restera incomplète.

L’article est disponible en anglais.