
En Afrique de l’Ouest, les menaces sécuritaires transforment profondément les trajectoires pastorales, fragilisant un modèle d’élevage fondé sur la mobilité. Cette note technique, écrite par Brigitte Thébaud (NCG- Nordic Consulting Group) et Annabelle Powell (AFL), analyse ces mutations et explore le rôle potentiel des cultures fourragères comme alternative face aux nouvelles contraintes.
Les cultures fourragères sont en effet souvent considérées comme étant l’une des formes les plus achevées de l’intégration entre l’agriculture et l’élevage. Jusqu’à ce jour, pourtant, ce niveau d’intensification reste peu répandu. La production de fourrage apparaît souvent comme un luxe que seuls les producteurs aisés ou des entrepreneurs privés peuvent s’offrir.
Entrés depuis plusieurs années dans une zone de turbulence – extrême pour certains d’entre eux, les systèmes d’élevage mobile sont encore une fois à la croisée des chemins. À des degrés divers, ils subissent tous (y compris dans le nord du Sahel) la détérioration des conditions sécuritaires. Pour le moment, ce sont les systèmes dont la mobilité est étroitement liée aux pays côtiers qui sont les plus touchés (p. ex. le sud-Mali, l’ouest et l’est du Burkina, mais aussi le nord de plusieurs pays côtiers).
La sédentarisation est-elle la clef de leur survie ? Si les modèles proposés ont des chances de succès à une échelle circonscrite et sous réserve d’investissements conséquents, leur transposition à un niveau plus global demeure incertaine. De plus, l’option consistant à interrompre la transhumance et à arrêter la mobilité pastorale ne garantit pas une transformation réussie des systèmes d’élevage et ne fournit pas non plus l’assurance de productions animales à un prix concurrentiel, compte tenu des coûts élevés de production en intensif.
En fin de compte, l’avenir pourrait fort bien résider dans l’imbrication, au sein d’une même exploitation pastorale ou agropastorale, de deux systèmes d’élevage : un élevage mobile, qui reste primordial, et un élevage plus intensif pour les animaux que l’on est contraint de maintenir en sécurité sur place et dont l’alimentation comprendrait une part accrue de fourrages cultivés.
À terme, une fois le système de vie davantage sécurisé, on peut s’attendre à ce que la pratique de la culture fourragère incite certains exploitants à s’orienter vers des productions laitières (noyau de femelles) ou de viande (embouche de taurillons, moutons de Tabaski).
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